Vous adorez flâner dans le rayon des livres pour enfants chez votre libraire. À la recherche de l’histoire qui fera tournoyer l’imagination de votre jeune lecteur, vous vous demandez quel est donc ce pouvoir qui vous attire à chaque fois. Les illustrations, les couleurs et les titres, parfois surprenants, caractérisent bien la littérature de jeunesse. Mais ce genre littéraire se reconnaît avant tout par son destinataire. De l’enfant au jeune adulte en passant par l’adolescent, le lecteur est un être en pleine construction identitaire. Alors, comment les albums de jeunesse, les romans et les bandes dessinées sont-ils devenus aussi populaires auprès des jeunes et des parents ? Pourquoi sommes-nous émerveillés par tant de créativité ? Focus sur un genre littéraire aussi magique que recherché.
La littérature de jeunesse pour transmettre le goût de la lecture aux enfants
On aime les livres d’enfants pour le plaisir qu’ils procurent à nos chères têtes blondes. Au détour des pages et des illustrations, nos petits embarquent pour des aventures magiques. Ils s’évadent, rêvent et imaginent un monde conté par les mots de la littérature enfantine. C’est donc avec une joie non dissimulée que les enfants partent en quête de sens à travers la littérature jeunesse. Dans les livres, ils trouvent des réponses à leurs questions sur les comportements des adultes, de leurs parents ou de leurs copains. Ils développent leurs capacités sociales et leur intelligence émotionnelle. En utilisant la littérature de jeunesse comme support, les enseignants accompagnent les apprentissages des enfants par les livres. Les petits élèves explorent des notions essentielles à leur construction comme le temps ou la saisonnalité. Bien sûr, les livres éducatifs permettent aux lecteurs en herbe d’enrichir leur vocabulaire et leurs connaissances.
Convertir les parents : un des défis de la littérature jeunesse
Lecture-plaisir ou moyen de développer les compétences de langage, les livres pour les tout-petits doivent avant tout séduire les parents et autres adultes. Eh oui, les acheteurs, ce sont eux ! Ainsi, la couverture du livre, les illustrations et le contenu visent bien à attirer et fidéliser les lecteurs, petits et grands. Et puis, il faut bien avouer que du haut de notre statut d’adulte, on apprend, nous aussi, une myriade d’informations sur l’existence, les relations, les émotions, etc. Dans ce monde de couleurs et de poésie, lire en famille devient un moment à la fois de plaisir et d’enrichissement commun. Comme le dit si bien Sophie Van Der Linden, critique littéraire spécialisée dans l’album jeunesse :
« Le meilleur moyen de donner le goût de la lecture aux enfants est de partager sincèrement avec eux leur enthousiasme pour cette littérature. »
La littérature pour la jeunesse, pas si innocente que ça !
L’égalité entre hommes et femmes… un combat très actuel ! À ce propos, la littérature de jeunesse et les stéréotypes du genre qu’elle peut véhiculer suscitent un tralala pas possible. Sans passer par 4 chemins, ces débats mettent en lumière l’influence que le contenu des livres pour enfants exerce sur les plus jeunes. À n’en pas douter, la littérature de jeunesse n’est pas si anodine qu’elle en a l’air !
Par conséquent, le monde littéraire des jeunes se retrouve en pleine effervescence ! En 2018, un mouvement d’indignation sur les réseaux sociaux – du au phénomène #MeToo – entraine la disparition de la collection Les pipelettes des éditions Milan. On accuse les scénaristes de la bande dessinée On a chopé la puberté, issue de cette collection, de tenir des propos misogynes dans certains passages.
D’autre part, de nombreux acteurs de l’édition jeunesse s’engagent dans une lutte contre la discrimination sexiste. Pour une littérature non genrée, ils publient des ouvrages qui démontent les clichés. Par exemple, la maison d’édition Talents Hauts bouscule les tendances avec des livres comme J’aime pas le foot, adressé aux garçons et J’aime pas la danse pour les filles.
Mais au fait, c’est quoi un livre de jeunesse ?
Des types de livres jeunesse, il y en a pour tous les goûts et tous les âges ! Sans parler de la multitude de personnages et de leurs péripéties qui stimulent la curiosité et l’imagination de nos loupiots. Bref, si l’on passe en revue les différents modèles de livres pour enfants, nous trouvons :
- Le roman young adult : cette littérature de fiction pour ados mêle le réel et l’imaginaire. Les textes suscitent des émotions fortes comme dans la saga La passe-miroir ou les Chroniques lunaires.
- Les bandes dessinées : un scénario qui nous tient en haleine, des dessins qui s’animent dans notre esprit et des dialogues capturés dans des bulles font le succès des BD auprès des jeunes et des moins jeunes.
- Les mangas : bandes dessinées japonaises, elles jouissent d’une grande popularité auprès des adolescents qui les dévorent sans retenue !
- L’album : des bouquins aux formats, couleurs, dimensions et thématiques d’une formidable variété. Que ce soient des livres jeux, des livres sans texte, des ouvrages cartonnés ou pop-up, ou des livres rébus, les albums sont de vraies petites merveilles pour les graines de lecteur.
- Le documentaire : ce type de livre jeunesse vise à informer les enfants sur des thématiques telles que les animaux, les sciences, l’art, la géographie et l’histoire.
Dans la littérature d’enfance, on retrouve également les contes, les fables, les poésies, les pièces de théâtre et les magazines adressés à la jeunesse de 3 à 18 ans… et plus, si affinités !
La littérature pour enfants et ses débuts
Charles Perrault ou les frères Grimm, ça vous dit quelque chose ? Eh bien jusque dans les années 1800, les contes de ces messieurs jonchent le paysage de la littérature de jeunesse. La période se prête également à la lecture des voyages de Gulliver, des exploits de Don Quichotte ou des aventures de Robinson Crusoe.
Le voyage et la lecture
C’est à partir de 1850 que les albums pour enfants se diversifient. À cette époque, les gens commencent à voyager. Prendre le temps de lire entre deux gares devient une habitude. Louis Hachette crée donc la célèbre collection de la Bibliothèque Rose pour les filles, suivie de la Bibliothèque Verte pour les garçons, en 1923. On voit apparaître des auteurs emblématiques à l’instar de la Comtesse de Ségur, Jules Verne, Jack London et Charles Dickens.
Les années d’émancipation
Il faudra attendre près de 100 ans pour que les lectures évoluent vers une certaine mixité. Dans les années 1960, les mœurs se libèrent. Dans le sillage des mouvements de contestation, les livres pour enfants donnent naissance à des personnages dans l’air du temps comme l’héroïne féministe, Fantômette. Différents genres littéraires apparaissent. La science-fiction, les biographies ou les romans policiers ont désormais le vent en poupe ! Les jeunes se passionnent davantage pour la lecture et deviennent de plus en plus exigeants. Sans compter que l’arrivée de la télévision dans les foyers crée de nouveaux besoins. Ainsi, la littérature de jeunesse se transforme peu à peu et entre en résonance avec une société en pleine émancipation.
L’évolution des livres pour enfants
D’une littérature enfantine presque ingénue, on passe à un genre littéraire qui se libère pour répondre à la demande d’un lectorat de plus en plus averti.
Le livre de poche : le nouveau pouvoir de la littérature de jeunesse
En 1970, le livre de poche fait son entrée dans les librairies. Les familles apprécient le prix modeste de ce petit format. Dorénavant, les thèmes évoluent et on ose aborder des notions autrefois considérées comme taboues, à l’instar de la sexualité, la violence ou la mort.
Les sagas pour adolescents, une découverte !
Dans les années 1990, un petit orphelin doté de pouvoirs étranges voit le jour sous la plume de J.K Rowling. Harry Potter et ses sept volumes, traduits en 79 langues et vendus à 450 millions d’exemplaires dans le monde, insufflent un nouvel élan à la littérature de jeunesse. Les jeunes dévorent les livres dans lesquels ils peuvent s’identifier aux personnages ! La créativité des auteurs jeunesse explose et donne naissance à des sagas. C’est alors que les 6 tomes de la série Twilight ou l’œuvre dystopique Hunger Games captivent ses lecteurs.
Coup d’œil sur le succès des livres pour la jeunesse en France et dans le monde
L’édition jeunesse se porte bien ! Et pour cause : 1 ouvrage sur 5 publié en France est un livre d’enfant. Dès lors, nos auteurs français font preuve d’une incroyable créativité ! Le nombre de prix littéraires jeunesse, distribués dans l’Hexagone, est ébouriffant. Qui plus est, la littérature de jeunesse française bénéficie d’une excellente réputation à travers le monde. En effet, un bouquin sur 4 vendu aux maisons d’édition étrangères provient du secteur des livres pour enfants, le chinois étant la principale langue de traduction.
À l’inverse, les ouvrages pour enfants traduits en français ne concernent que 26 % des livres jeunesse. Nos préférences s’orientent vers les histoires en anglais, en allemand, en japonais – pour les mangas – et en italien. À cet égard, le Centre National de la Littérature pour la Jeunesse mène une action internationale. Il offre la possibilité de découvrir des livres étrangers en France et a contrario, assure la promotion du livre jeunesse français à l’étranger.
Pour résumer, plus de 1900 maisons d’édition spécialisées dans la jeunesse sont recensées sur le territoire français. Le livre d’enfant bénéficie donc d’une grande diversité éditoriale. Quant aux auteurs, malgré un statut faiblement reconnu dans la production d’ouvrages – « Si le livre était une pomme, à l’auteur reviendraient les pépins. », scandent les professionnels – leur imagination s’avère sans limites.
Choisir un livre jeunesse, c’est facile !
Dans la littérature consacrée à la jeunesse, on trouve de tout ! Du livre pâlichon et ennuyeux à l’ouvrage qui nous transporte dans l’univers passionnant des histoires pour enfants. Mais alors, comment s’y retrouver ? Les addicts aux livres apprécient les critiques littéraires qui paraissent dans des quotidiens comme Le Monde ou dans des revues spécialisées à l’instar de Citrouille Hebdo.
Lorsqu’il s’agit de trouver des idées de lecture, une partie du lectorat préfère se fier au palmarès des meilleures ventes, aux avis et aux coups de cœur. Dans cette optique, le Web 2.0 regorge de blogs animés par des lecteurs passionnés publiant leurs ressentis sur les bouquins. D’ailleurs, les sites spécialisés dans la littérature – Babelio.com ou Librarything.fr – représentent une mine d’informations sur les livres. Quant aux libraires, aux instituteurs et aux bibliothécaires, ils trouvent leur bonheur sur des services en ligne comme le CNLJ, la BNF ou Éduscol.
Un livre d’enfant seconde main : une bonne idée ?
Cela va de soi, un livre pour enfant accompagne une période furtive de notre existence. Du coup, les histoires de T’choupi, Petit ours brun, de sorcières, de beaux vampires et de loups-garous ont tendance à s’entasser dans les chambres d’enfants. Alors, entre démarche écologique et intérêt financier, plus rien ne nous retient : achetons et revendons nos livres d’occasion ! D’autant plus que les ados préfèrent choisir eux-mêmes leurs livres plutôt que de les emprunter ou de se les faire offrir, selon le Centre National du Livre (CNL). Et bien entendu, se tourner vers une bouquinerie telle que Lire à L’occasion permet à vos marmots de garnir leur bibliothèque sans se ruiner.
En somme, la littérature de jeunesse permet à nos enfants de rêver, de se questionner et d’échanger avec les adultes. Elle fournit aux passeurs de lecture – parents, libraires, bibliothécaires et enseignants – de précieux outils adaptés à chacun. Certes, les types de livre d’enfant ainsi que la production éditoriale suivent l’évolution de notre société. Mais comme l’affirmait déjà Jean-Jacques Rousseau à une époque où la littérature d’enfance en était à ses prémices : « On ne connaît point l’enfance : sur les fausses idées qu’on en a, plus on va, plus on s’égare. Les plus sages s’attachent à ce qu’il importe aux hommes de savoir, sans considérer ce que les enfants sont en état d’apprendre. Ils cherchent toujours l’homme dans l’enfant, sans penser à ce qu’il est avant que d’être homme. ».
Virginie Yvrard, pour le blog de Lire à l’occasion
Sources :
http://cnlj.bnf.fr/fr/page-editorial/action-internationale
http://www.ricochet-jeunes.org/
https://www.centrenationaldulivre.fr/
https://www.capital.fr/conso/les-stereotypes-sexistes-ca-commence-des-lenfance-1345807